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L’important, c’est la rose

Le briefing politique essentiel du matin.
Par ELISA BERTHOLOMEY
Avec SARAH PAILLOU, ANTHONY LATTIER ET ANNE-CHARLOTTE DUSSEAULX
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SPOTTED. On vous le signalait hier : cette semaine marque la rentrée parlementaire et ça s’active déjà aux abords de l’Assemblée nationale. Pas peu fier de faire des émules, Playbook tient à remercier les deux lectrices qui nous ont signalé dans la soirée le rassemblement du groupe “Solferi-No”, ce petit club de députés macronistes tendance aile droite, réuni pour son dîner de rentrée au premier étage d’un restaurant à côté du Palais-Bourbon.
L’invité surprise. Nos facétieuses observatrices ont même noté la présence de Jean-Michel Blanquer parmi le groupe de députés. L’ancien ministre de l’Education nationale, auteur en cette rentrée d’un pamphlet anti-Mac… pardon, d’un livre sur ses années passées Rue de Grenelle, a effectué “une venue imprévue, purement fortuite”, nous jurait l’un des participants aux agapes.
En tout bien tout honneur. N’y voyez pas la constitution d’un nouveau courant au sein du groupe macroniste. “Il est juste passé dire bonjour au début” après avoir “pris un verre avec une députée dans le même café”, nous certifiait un autre invité. Votre infolettre en était, malgré tout, tout émoustillée.
L’AUTRE DÎNER. Notre excitation est encore montée d’un cran en prenant connaissance, aux alentours de minuit, d’un autre repas d’élus de l’ex-majorité présidentielle, à quelques rues de là. Elisabeth Borne a réuni son premier cercle de soutiens hier soir dans un restaurant près de Montparnasse, a appris Playbook.
Autour de la table : Aurore Bergé et Stanislas Guerini, les anciens ministres Olivier Dussopt et Clément Beaune mais aussi les députés Sylvain Maillard ou Guillaume Gouffier-Valente. Objectif de la réunion : structurer l’équipe de campagne pour la présidence du parti pour laquelle Borne est — pour l’instant — la seule candidate déclarée.
Quand on vous dit que ça s’active… Bon réveil à toutes et tous, nous sommes mardi 10 septembre 2024, faisons tout de suite un point sur la constitution du gouvernement Barnier.
MOUTON ROSE À CINQ PATTES. Tout entier consacré à la composition de sa future équipe, Michel Barnier continue de chercher la personnalité de gauche qui pourra rosir son gouvernement. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la tâche se révèle des plus ingrates : aucun socialiste, écologiste ou communiste ne s’est pour l’heure dit prêt à vouloir devenir ministre.
Chou blanc. Votre infolettre, dans sa grande mansuétude, a bien tenté de filer un coup de main au PM en allant sonder tout ce que la gauche compte de personnalités macrono-barniero-compatibles. Bernard Cazeneuve et Hélène Geoffroy ? C’est non. Nicolas Mayer-Rossignol, Laurence Tubiana ou Raphaël Glucksman ? Niet également. Manuel Valls ? “Ni ouvert, ni fermé”, nous a-t-il confié. La presse se fait d’ailleurs l’écho ce matin (ici et là) des difficultés du chef du gouvernement à convaincre des personnalités de gauche.
Roses boudent. Playbook n’était visiblement pas le seul à se torturer les méninges. “On a essayé de réfléchir entre nous. On s’est demandé qui Barnier aurait pu appeler”, s’interrogeait, un brin perplexe, un député socialiste joint hier après-midi. Sans succès également de son côté.
Bercy, mais non merci. Un homme de gauche était pourtant bien dans le viseur de Matignon, selon deux interlocuteurs de votre infolettre : Didier Migaud, actuel président de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique et ancien député socialiste. Pressenti pour Bercy, l’affaire aurait finalement capoté car, à en croire l’une de nos sources, Migaud aurait posé beaucoup trop de conditions, comme choisir lui-même les autres ministres du paquebot.
V bleus. Contacté à ce sujet hier, Matignon a laissé nos messages en lu, quand, du côté de l’Elysée, fidèles à la ligne fixée depuis quatre jours, les conseillers du président se bornaient à nous répéter que “la main est au Premier ministre”. Votre infolettre ne manquera évidemment pas de vous tenir au courant des prochains représentants de gauche approchés.
MERCATO. Au cabinet du Premier ministre, les choses avancent un peu plus vite (Paris Influ vous en parlait largement hier, pour nos abonnés pro). Michel Barnier aurait trouvé son chef de pôle parlementaire, nous rapportaient dans la journée plusieurs interlocuteurs au fait des recrutements à Matignon — un poste clef compte tenu de la situation à l’Assemblée nationale. L’heureux élu n’est pas un inconnu puisqu’il s’agit de Grégory Besson-Moreau, ancien député LREM. Fait divertissant: Nicolas Barnier, le fils du PM, a été son collaborateur. Contacté par mon collègue Paul de Villepin, l’ancien député a simplement indiqué “ne pas souhaiter commenter” cette éventuelle nomination.
UN PIÈGE DANS LA NICHE. Le prochain dilemme du Nouveau Front populaire arrive à l’agenda des députés : quelle attitude adopter face à la proposition de loi du Rassemblement national visant à abroger la réforme des retraites ? Ce texte doit en effet être examiné dans l’hémicycle le 31 octobre. Les écolos ont prévu d’en discuter ce matin, nous a confié hier le porte-parole du groupe, Benjamin Lucas ; son homologue socialiste, Arthur Delaporte, s’attendait aussi à ce que le sujet soit abordé lors du séminaire PS qui a lieu aujourd’hui. Dans la matinée, l’Insoumis Eric Coquerel en convenait sur Franceinfo : “c’est vrai qu’on a un problème” ; quand Cyrielle Chatelain, cheffe des écolos à l’Assemblée, le reconnaissait quelques heures plus tard dans notre bigophone : “C’est un piège politique.”
C’est quoi le blème ? Revenir sur la dernière transformation du régime de retraites, adoptée en mars, figurait précisément au rang des mesures phares du programme NFP durant la campagne des législatives. Mais les députés des gauches peuvent-ils voter un texte émanant du parti à la flamme ? Lors de la précédente mandature, ils ont toujours veillé à ne pas apporter leurs voix au RN.
Leurs pistes. Pour s’éviter de voter cette PPL, tout en ne reniant pas leur promesse d’abroger la réforme Macron, Coquerel comme Delaporte évoquaient hier l’idée d’amendements au projet de loi de financement de la Sécurité sociale, prévu pour l’automne (mais après le 31 octobre). Ou préconisaient d’attendre une niche parlementaire (ces journées durant lesquelles un groupe politique décide de l’ordre du jour au Palais-Bourbon) réservée à l’un des groupes du NFP, potentiellement dès novembre (après celle du RN, donc). L’idée insoumise d’inscrire leur propre texte d’abrogation comme priorité d’une session extraordinaire, elle, semble moins réalisable  — l’option de convoquer les députés avant leur rentrée légale du 1er octobre paraissant s’éloigner.
AU RN aussi, on affine sa stratégie. Marine Le Pen a réuni ses proches conseillers en fin de semaine dernière, a ouï dire Playbook hier, pour notamment trancher un point précis : faut-il proposer un retour à l’âge légal de départ à 62 ans et au bout de 43 annuités, plutôt que 42 ? C’est non, a arbitré la présidente du groupe à l’Assemblée nationale.
Le pourquoi du débat. L’option des 43 annuités avait été envisagée pour se rapprocher de la réforme Borne et pour “envoyer un message aux groupes centristes”, nous a expliqué un lepéniste. Un bon moyen de tenter de glaner des voix dans le bloc central voire de favoriser des divisions au sein d’un camp qui commence — enfin peut-être, éventuellement, si vraiment il le faut — à songer à repatouiller un poil sa réforme. Mais la position du NFP étant jugée plus claire que celle des députés Ensemble pour la République, MoDem et autres Horizons, les lepénistes ont préféré ne “pas donner une excuse à la gauche”, dixit le même, de ne pas voter leur PPL.
Service minimum. Le texte (qui devait atterrir hier soir sur le bureau de Renaud Labaye, le secrétaire général du groupe, et doit encore être validé par Marine Le Pen avant son dépôt, en milieu de semaine) abandonne donc la progressivité des départs prônée lors de la présidentielle de 2022. Adios aussi, nous a confié hier un député au fait des derniers travaux, la fin de carrière anticipée pour ceux qui auraient commencé à travailler avant leurs 20 ans, que défendait Jordan Bardella pendant la campagne des dernières législatives.
Bâtir une majorité. “Personne n’a de majorité, donc on cherche quelque chose d’un peu consensuel”, justifiait notre homme en sirotant son Perrier-tranche. Tout en visant précisément les élus NFP : “Il n’y a aucun élément dans la rédaction du texte qui serait en contradiction avec ce qu’ils portent”, savourait-il.
MARIO LES BONS TUYAUX. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre : être moins productif tout en étant à la pointe de la technologie et de la transition écologique, indépendant sur la scène internationale et financer son modèle social, a averti Mario Draghi. L’Italien présentait hier son rapport de 400 pages sur l’avenir de la compétitivité européenne, décortiqué par nos collègues bruxellois dans cet article.
Sa solution : Mettre les moyens, les très gros moyens. Le Vieux Continent doit investir deux fois plus que lors de la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale, préconise Super Mario — son surnom depuis sa gestion de la crise de la zone euro à la tête de la Banque centrale européenne. En chiffres, cela donne 800 milliards d’euros supplémentaires par an.
Ensemble ou séparément ? Pour mobiliser une telle somme, l’Italien pousse pour une nouvelle dette commune à l’échelle de l’UE, comme lors de la relance post-Covid. Cette fois, elle servirait à financer les besoins en matière d’industrie et de défense — secteur dans lequel Draghi recommande d’acheter européen plutôt qu’américain. Sauf que l’idée est loin de faire l’unanimité parmi les Etats membres. Le ministre allemand des Finances n’a d’ailleurs pas tardé à exprimer son désaccord.
À VOS POSTES. L’affrontement tant attendu aura lieu la nuit prochaine. Deux mois et demi après le débat catastrophique de Joe Biden, Donald Trump va être confronté à sa remplaçante démocrate Kamala Harris. Très à l’aise dans l’ambiance survoltée de la convention de son parti, la vice-présidente doit confirmer dans un face-à-face avec son adversaire. Le candidat républicain doit, pour sa part, trouver le bon angle d’attaque, sans tomber dans les attaques personnelles, comme le redoutent ses propres soutiens.
Tour de chauffe. Comme deux boxeurs à la pesée, les adversaires ont montré les muscles. Harris prévient que son adversaire “va mentir”. Trump avertit que le débat est “truqué” avec des journalistes de ABC “méchants” et “injustes”.
Emmanuel Macron se rend à Neuville-sur-Saône pour inaugurer “l’Usine du Futur” de Sanofi à 16h30. Il assiste ensuite à la cérémonie d’ouverture des Worldskills Lyon 2024, une compétition mondiale des métiers, à partir de 19 heures. 
Michel Barnier assiste aux journées parlementaires du groupe EPR à Rosny-sur-Seine à partir de 19 heures. Nicole Belloubet arrive à Lyon pour deux jours afin d’assister aux WorldSkills Lyon 2024.
Assemblée nationale : auditions en visioconférence de Peggy Kançal, directrice déléguée transition écologique et énergétique à la région Occitanie à 16h15 et de l’équipe médicale des urgences du CHU de Toulouse à 17h15 dans le cadre de la mission d’information sur les urgences psychiatriques.
Journées parlementaires : dernier jour des journées parlementaires du groupe LFI au Palais-Bourbon. Séminaire des députés PS à l’Assemblée nationale. Lancement des journées parlementaires du groupe EPR, qui se tiennent jusqu’à mercredi. 
7h15. France 2 : Romain Gizolme, directeur de l’Association des directeurs au service des personnes âgées.
7h30. Public Sénat : Alexandre Ouizille, sénateur SER de l’Oise.   
7h40. TF1 : Louis Aliot, vice-président du RN … France 2 : Manuel Bompard, coordinateur national de LFI … RTL : Patrick Martin, président du Medef … RMC : Charles de Courson, rapporteur général Liot du budget à l’Assemblée nationale.   
7h45. Franceinfo : Florence Mosalini Portelli, vice-présidente de LR… Radio J : Mathieu Lefèvre, député EPR du Val-de-Marne.  
7h50. France Inter : Delphine Ernotte Cunci, présidente de France télévisions. 
8h00. Public Sénat : Laurent Marcangeli, président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale.  
8h10. Europe 1/CNEWS : Fabien Roussel, secrétaire national du PCF. 
8h15. France 2 : Michel Tognini, astronaute français de l’Agence spatiale européenne … Radio Classique : Jean-Paul Brighelli, ancien enseignant … RMC : Philippe Coy, président de la Confédération des buralistes.
8h20. France Inter : Thierry Cotillard, président du groupement “Les Mousquetaires”  … RFI : Alain Mabanckou, poète et romancier, enseignant à l’Université de Los Angeles.
8h30. Franceinfo : Lauric Henneton, maître de conférences à l’Université de Versailles Saint -Quentin … BFMTV/RMC : Eric Piolle, maire Les Ecologiste de Grenoble … Sud Radio : Arnaud Robinet, maire Horizons de Reims et président de la fédération hospitalière de France … LCI : Jérôme Guedj, député PS de l’Essonne. 
AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Budget olé olé : la dernière de Le Maire, la suite dans le flou … Le lobbying de DomusVi rattrapé par la HATVP … Assises des Ehpad : pourquoi le secteur (en partie) fait grise mine. C’est à 7h30 pour nos abonnés POLITICO Pro.
DANS LE JORF. Michel Barnier se dote d’un directeur de cabinet, Jérôme Fournel, et d’un chef de cabinet, Baptiste Rolland.
MÉTÉO. Quelques éclaircies à Paris, chose de plus en plus rare alors on en profite. 
ANNIVERSAIRES : Brigitte Micouleau, sénatrice LR de la Haute-Garonne … Michèle Alliot-Marie, ancienne ministre … Antoine Armand, député EPR de Haute-Savoie … Louis Marguerite, ancien député Renaissance de Saône-et-Loire … Majdouline Sbaï, eurodéputée Les Ecologistes.
PLAYLIST. Conseil pour Michel Barnier : écouter Gilbert Bécaud car L’important, c’est la rose.
Un grand merci à :  Paul de Villepin et Jean-Christophe Catalon, nos éditeurs Matthieu Verrier et  Pauline de Saint Remy, Sofiane Orus Boudjema pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne. 
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